Un matin de printemps, j’ai passé la main sur la paroi de ma vieille piscine polyester. Sous mes doigts, le gel coat autrefois lisse et brillant était devenu rêche, piqué, terni par les années. Le soleil, le chlore, le temps… tout avait laissé sa signature. Si vous lisez ces lignes, il y a de fortes chances que votre bassin raconte la même histoire.
Refaire un gel coat de piscine, ce n’est pas seulement une histoire de budget. C’est un vrai chantier, une mue pour votre bassin. On y mêle technique, poussière de ponçage, odeur de résine… et au bout, un miroir d’eau tout neuf. Mais combien ça coûte vraiment ? Combien de temps ça prend ? Et qu’est-ce qui fait grimper ou baisser la facture ?
Installez-vous, on plonge dans le sujet.
Quand refaire le gel coat de sa piscine devient incontournable
Avant de parler euros, il faut déjà savoir si le gel coat est réellement à reprendre, ou si un bon entretien suffit.
Les signes qui doivent vous alerter :
- Aspect très terni : la couleur a perdu toute profondeur, même après un bon nettoyage.
- Osmose (petites cloques) : des bulles ou cloques sous la surface, qui peuvent dégager une odeur de vinaigre à la découpe.
- Microfissures visibles : en étoile ou en toile d’araignée, souvent autour des escaliers ou des angles.
- Gel coat rugueux : sensation de papier de verre sous la main ou sous les pieds.
- Taches incrustées : marques de rouille, de métaux, de feuilles qui ne partent plus.
Si vous cochez plusieurs de ces cases, on n’est plus dans la simple rénovation cosmétique. Un nouveau gel coat devient un investissement, pas un caprice d’esthète.
À l’inverse, si votre bassin est seulement un peu terni, parfois un polissage professionnel et quelques retouches localisées suffisent. Là, la facture sera bien plus douce.
Fourchettes de prix pour refaire un gel coat de piscine
Allons droit au but. Pour un gel coat complet de piscine polyester, le budget se situe généralement entre :
- 80 à 150 € / m² si vous faites appel à un professionnel
- 30 à 60 € / m² en fourniture seule si vous faites vous-même (hors outillage sérieux)
Pour vous donner quelques repères, selon la taille du bassin :
- Petite piscine (8 x 4 m) :
- Avec pro : environ 4 000 à 7 000 €
- En autoconstruction : 1 500 à 3 000 € de matériaux + outillage
- Bassin moyen (10 x 5 m) :
- Avec pro : 5 500 à 9 000 €
- En autoconstruction : 2 000 à 3 500 €
- Grande piscine (et/ou forme complexe, escalier, plage immergée) :
- Avec pro : facilement 8 000 à 12 000 € et plus
- En autoconstruction : 3 000 à 5 000 € de fournitures, voire davantage
Pourquoi une telle amplitude ? Parce qu’il n’y a jamais deux chantiers identiques. L’état réel du support, l’accessibilité, la météo et le niveau d’exigence esthétique font danser les chiffres.
Les facteurs qui font grimper (ou baisser) le budget
Comme pour un jardin, le prix ne dépend pas seulement de la surface, mais de tout ce qui l’entoure.
L’état initial du bassin
C’est le premier critère, et souvent le plus sous-estimé.
- Gel coat légèrement usé : ponçage simple, quelques reprises, couche de gel coat → budget contenu.
- Osmose sévère : il faut ouvrir les cloques, sécher, traiter, parfois renforcer → coûts et temps de main-d’œuvre qui explosent.
- Microfissures structurelles : si la coque est en cause, parfois on dépasse le cadre du simple gel coat pour aller jusqu’à la stratification → facture plus lourde.
Un professionnel sérieux commencera toujours par une inspection détaillée du bassin, en vidange, avant de confirmer le devis. Méfiez-vous des prix « au forfait » annoncés sans même avoir vu la piscine.
La surface et la forme du bassin
Évident, mais essentiel : plus il y a de mètres carrés, plus il y a :
- de produit à appliquer,
- de surface à poncer,
- de temps passé courbé dans la coque (et le dos, lui, n’est pas facturé au m²…).
Les formes complexes (escaliers moulés, banquettes, plage immergée, arrondis) demandent plus de temps pour :
- le ponçage minutieux des angles,
- l’application régulière sans coulures,
- les reprises intermédiaires.
À surface égale, une piscine aux lignes épurées coûtera donc logiquement moins cher à rénover qu’un bassin à la géométrie sophistiquée.
Le choix des produits de gel coat
Comme pour les plantes du jardin, on trouve de tout, du premier prix fragile à la variété robuste qui tient des années.
- Qualité du gel coat :
- Entrée de gamme : moins cher mais plus sensible aux UV et au vieillissement.
- Gel coat isophtalique ou de qualité marine : meilleure tenue dans le temps, meilleure résistance chimique.
- Couleur :
- Blanc : généralement le plus abordable.
- Bleu, gris, sable : léger surcoût, selon les fabricants.
- Teintes spéciales ou effets : encore un cran au-dessus.
- Compléments : top-coat, primaire d’accrochage, résines spéciales anti-osmose… chaque couche en plus, c’est du temps et du budget.
Personnellement, je déconseille de « gratter » sur la qualité du gel coat. Autant économiser sur le superflu dans le jardin, mais le revêtement de votre piscine, lui, est au contact permanent de l’eau, du soleil, du chlore… Ce n’est pas l’endroit où mégoter.
La main-d’œuvre : pro ou autoconstruction ?
Sur le poste main-d’œuvre, deux mondes se dessinent.
1. Faire appel à un professionnel
Vous payez :
- le temps de travail (ponçage, réparations, application),
- l’expérience (savoir gérer une météo capricieuse, un support délicat),
- la garantie (décennale ou autre, selon la nature des travaux).
C’est plus cher, mais vous gagnez en sérénité. Et si le gel coat cloque deux étés plus tard, vous ne serez pas seul face au problème.
2. Faire soi-même
Vous économisez la main-d’œuvre, mais il faut compter :
- l’achat ou la location d’outils (ponceuses, protections, éventuellement compresseur, etc.),
- les consommables (abrasifs, masques, combinaisons, rouleaux, pinceaux),
- les essais, erreurs, reprises…
Si vous êtes bricoleur, patient, et que l’odeur du polyester ne vous fait pas fuir, c’est faisable. Mais c’est un chantier exigeant, qui n’a rien à voir avec repeindre une barrière de jardin.
Les procédés de rénovation du gel coat : étape par étape
Que vous fassiez appel à un pro ou que vous envisagiez de le faire vous-même, connaître le processus aide à comprendre le devis… et la durée.
Vidange et préparation générale
Tout commence par une vidange complète du bassin. C’est l’occasion de :
- nettoyer grossièrement les parois et le fond,
- vérifier les pièces à sceller (skimmers, bondes, refoulements),
- contrôler s’il y a des infiltrations ou des désordres visibles.
Le bassin doit ensuite sécher suffisamment pour permettre un bon accrochage des produits. Par temps humide ou en fond de vallée, cette étape peut s’allonger.
Ponçage de l’ancien gel coat
C’est l’étape la plus physique, celle où on finit couvert de poussière blanche de la tête aux pieds.
Objectifs du ponçage :
- éliminer les zones friables ou mal adhérentes,
- ouvrir les cloques éventuelles (osmose),
- créer une accroche mécanique pour le nouveau gel coat.
On utilise des abrasifs adaptés, souvent à l’eau ou avec aspiration pour limiter les poussières. Plus le gel coat est abîmé, plus le ponçage est long et profond.
Réparation des défauts et traitement de l’osmose
Une fois le support « mis à nu », on voit la réalité. Un peu comme après avoir désherbé un massif : on découvre les vrais trous.
- Fissures : ouvertes, poncées, parfois renforcées avec résine + fibre de verre.
- Cloques d’osmose : ouvertes, rincées, séchées, puis reprises.
- Trous, coups : rebouchés avec mastic polyester ou résine chargée.
Sur les chantiers sérieux, on laisse sécher entre les étapes, parfois plusieurs jours, surtout après un traitement d’osmose. C’est l’une des raisons pour lesquelles la rénovation peut s’étaler dans le temps.
Application du primaire (si nécessaire)
Selon l’état du support et le système de produits choisi, on applique ensuite un primaire d’accrochage ou une résine intermédiaire.
Son rôle :
- assurer la liaison entre l’ancienne coque et le nouveau gel coat,
- limiter l’absorption,
- uniformiser le fond avant la finition.
Là aussi, le respect des temps de séchage est crucial. Une application trop rapide, sur support encore « vert », peut ruiner tout le système.
Application du nouveau gel coat
C’est enfin le moment gratifiant, celui où le bassin retrouve sa jeunesse.
- Mélange : gel coat + catalyseur, dosés précisément.
- Application : au rouleau, à la brosse ou parfois au pistolet, selon les équipes et le matériel.
- Nombre de couches : souvent 2 couches, voire plus selon le système.
Les conditions idéales :
- température modérée (éviter le plein été en plein soleil),
- air sec, sans pluie,
- absence de vent fort (la poussière qui vole, c’est l’ennemi du gel coat frais).
Une anecdote : la première fois que j’ai appliqué une résine en extérieur par temps capricieux, un nuage de pollens de peuplier a décidé de traverser le jardin. Résultat, une finition façon velours… magnifique pour un coussin, nettement moins pour une piscine. Depuis, je me méfie du calendrier et je guette le vent comme un marin.
Temps de polymérisation et remise en eau
Une fois la dernière couche posée, il faut laisser le temps au gel coat de durcir en profondeur. Selon les produits et la météo, cela peut prendre :
- 3 à 7 jours en général,
- parfois plus si les températures sont basses ou l’humidité élevée.
La remise en eau ne doit jamais se faire trop tôt. Sinon, le revêtement risque de marquer, de se blanchir ou de perdre en résistance chimique.
Combien de temps durent réellement les travaux ?
Sur le papier, si tout s’enchaîne parfaitement, refaire un gel coat pourrait tenir en une grosse semaine. Dans la vraie vie, il faut compter plus large.
Pour un bassin standard, avec une équipe professionnelle :
- Préparation + ponçage + réparations : 3 à 5 jours effectifs, parfois plus selon l’ampleur.
- Applications (primaire + gel coat) : 2 à 4 jours, avec gestion des temps de séchage.
- Polymérisation + remise en eau : 3 à 7 jours supplémentaires.
En pratique, on se situe souvent sur un chantier étalé sur 2 à 3 semaines, en tenant compte :
- des aléas météo,
- des temps de séchage rallongés,
- de la disponibilité de l’équipe.
En autoconstruction, si vous travaillez le soir et les week-ends, le projet peut facilement s’étaler sur un mois ou deux. Ce n’est pas insurmontable, mais il vaut mieux l’anticiper plutôt que de se retrouver sans piscine en plein mois d’août.
Faut-il forcément tout refaire ou peut-on se contenter de retouches ?
Comme au jardin, parfois un grand coup de bêche s’impose, parfois quelques coups de sécateur suffisent.
On distingue plusieurs niveaux d’intervention :
- Retouches localisées :
- Sur une zone jaunit, rayée ou microfissurée.
- Budget limité, intervention rapide.
- Idéal si le reste du gel coat est sain.
- Polissage général + petites réparations :
- Pour un bassin légèrement terni.
- Coût bien plus bas qu’un regarnissage complet.
- Prolonge la vie du gel coat de quelques années.
- Refaire tout le gel coat :
- Quand l’usure est généralisée,
- en présence d’osmose importante ou de nombreux défauts,
- ou si l’on veut réellement repartir sur une base comme neuve.
Lors de ma dernière visite chez un lecteur, on a longuement discuté au bord de sa piscine. Il rêvait d’un gel coat tout neuf, mais hormis quelques zones usées au niveau des marches, le reste tenait encore très bien. Au final, on a opté pour un mix : retouches ciblées + polissage. Son portefeuille a soufflé, et sa piscine aussi.
Petits conseils pour optimiser son budget sans sacrifier la qualité
Quelques leviers existent pour maîtriser la facture sans se tirer une balle dans le pied.
- Choisir la bonne période :
- Éviter le cœur de l’été (demande forte, prix parfois moins négociables).
- Privilégier le printemps ou l’automne, plus confortables pour les applicateurs.
- Préparer vous-même certaines étapes :
- Vider le bassin, démonter les équipements amovibles, protéger les abords.
- Parfois, même participer au ponçage si le pro l’accepte et vous encadre.
- Comparer plusieurs devis :
- Au moins 2 ou 3, avec détail des produits et des étapes.
- Ne choisissez pas seulement au prix, mais à la clarté et au sérieux de la méthode proposée.
- Anticiper plutôt que subir :
- Un gel coat rattrapé à temps coûtera toujours moins cher qu’une coque laissée à l’abandon, attaquée par l’osmose.
Après la rénovation : comment faire durer votre nouveau gel coat
Une fois votre bassin flambant neuf, l’idée n’est pas de revenir au même point dans 5 ans. Quelques bonnes habitudes changent tout.
- Équilibrer l’eau régulièrement :
- pH bien réglé,
- désinfectant à la bonne dose,
- éviter les surdosages répétés de chlore.
- Nettoyer en douceur :
- Brosses adaptées, pas trop agressives,
- pas de produits miracles hyper corrosifs.
- Gérer le niveau d’eau :
- Éviter les périodes longues avec une partie du gel coat à sec en plein soleil.
- Surveiller les premiers signes d’usure :
- Un début de tache se traite plus facilement qu’une marque incrustée,
- une microfissure se répare mieux tôt que tard.
Refaire le gel coat de sa piscine, c’est un peu comme replanter un massif entier : ça demande un vrai investissement, en temps comme en budget, mais le plaisir qu’on en retire ensuite est à la hauteur. Un miroir d’eau lisse et lumineux change tout l’équilibre du jardin, comme une pelouse bien tondue ou une terrasse bois fraîchement huilée.
Et vous, où en est votre bassin aujourd’hui ? Juste patiné par les années, ou prêt pour une vraie cure de jouvence ?


