Pourquoi un devis de piscine creusée n’est jamais “simplement un prix”
On rêve tous d’un bassin bleu azur, au fond du jardin, avec le clapotis de l’eau en fond sonore et les rires des enfants en écho. Puis arrive le moment des devis… et là, le rêve se transforme parfois en casse-tête. Entre les postes de coût, les options “indispensables”, les différences de prix parfois énormes d’un professionnel à l’autre, difficile de savoir où donner de la tête.
La vérité, c’est qu’un devis de piscine creusée, ce n’est pas juste un chiffre au bas de la page. C’est une somme de choix techniques, esthétiques, pratiques… et de compromis. L’objectif de cet article, c’est de vous aider à décoder ces devis, à comparer réellement ce qui est comparable et à optimiser votre budget sans sacrifier la qualité.
Installez-vous, imaginez l’odeur de la terre fraîchement retournée et le futur bruit de l’écumeur… On va rentrer dans le vif du sujet.
Comprendre les grands types de piscines creusées avant de comparer les devis
Avant même de parler chiffres, il faut parler “famille” de piscines. Deux devis ne pourront jamais être comparés sérieusement si l’un concerne une coque polyester entrée de gamme et l’autre une piscine béton haut de gamme avec plage immergée.
Les grandes catégories que vous verrez le plus souvent :
- Piscine coque polyester : bassin préfabriqué, livré d’une pièce.
- Piscine béton (bloc à bancher, parpaing, gunite, etc.) : bassin maçonné sur mesure.
- Piscine kit à enterrer (panneaux acier, résine, polystyrène…) : structure fournie en kit, posée souvent avec une part d’auto-construction.
À chaque fois, le coût global va dépendre :
- De la complexité du terrain (pente, accès, nature du sol).
- Du niveau de finition (terrassement seul ou projet “clé en main”).
- Du type de revêtement (liner, membrane armée, carrelage…).
- De la qualité du matériel (filtration, pompe à chaleur, domotique).
Un terrain plat accessible en lotissement, ce n’est pas la même histoire qu’un jardin perché au-dessus d’une petite vallée argileuse. Croyez-en mon dos qui se souvient encore d’un chantier en plein mois d’août, à faire passer les gravats à la brouette parce que la mini-pelle ne passait pas le portail…
Les postes de coût incontournables dans un devis de piscine creusée
Pour comparer, il faut d’abord savoir décomposer. Un devis sérieux de piscine creusée devrait faire apparaître au minimum les postes suivants.
Terrassement et préparation du terrain
C’est souvent le premier choc sur le devis… mais aussi le plus logique. On ne fait pas disparaître 30 à 60 m³ de terre comme par magie.
- Étude et implantation : piquetage, vérification de l’implantation par rapport aux limites, réseaux, etc.
- Terrassement : creuser le trou, mise en forme, évacuation ou stockage de la terre.
- Gestion des terres : évacuation en décharge, nivellement du terrain autour…
- Éventuels surcoûts : roche dure, nappe phréatique, accès difficile, nécessité d’une mini-pelle ou d’un camion-grue.
Point de vigilance : vérifiez ce qui est compris. L’évacuation des terres est-elle incluse ? Jusqu’à quelle distance ? Y a-t-il une clause “si roche rencontrée” avec un tarif au m³ supplémentaire ?
Structure du bassin et revêtement
Le cœur du projet, c’est lui. Et c’est aussi ce qui conditionne en grande partie la longévité de votre piscine.
Pour une piscine béton, on retrouvera typiquement :
- Fondations et radier (dalle béton).
- Murs (parpaings, blocs à bancher, coffrage perdu…).
- Ferraillage et béton (quantités et type de béton).
- Revêtement : liner, membrane armée, enduit, carrelage.
Pour une piscine coque :
- Fourniture de la coque (dimensions, forme, coloris).
- Transport et mise en place (grue éventuelle).
- Lit de gravier et remblaiement adaptés.
Pour comparer deux devis, vérifiez :
- Les épaisseurs (dalle, murs, renforts).
- Le type de revêtement : un liner standard 75/100 n’a rien à voir avec une membrane armée 150/100.
- Les garanties : étanchéité, structure, durée et conditions (pro-rata, entretien obligatoire…).
Un jour, j’ai vu un devis avec “structure béton” notée en deux lignes, sans détail. Sur place, il s’agissait en réalité d’un radier très fin et de simples parpaings creux, sans chaînage sérieux. Sur le papier, c’était marqué “piscine béton”, dans les faits, c’était une invitation à la fissure.
Filtration, local technique et hydraulique
La beauté de l’eau, c’est 30 % la structure et 70 % la qualité de la filtration. Un devis bon marché avec une filtration sous-dimensionnée devient vite très cher… en produits et en galères.
Éléments à retrouver clairement dans vos devis :
- Type et taille du filtre (sable, verre, cartouche ; diamètre, débit).
- Pompe de filtration (puissance, marque, consommation électrique, vitesse variable ou non).
- Nombre de skimmers, refoulements, bonde de fond : une bonne hydraulique, c’est une eau qui circule partout.
- Local technique : fourni ou non ? En dur, en coque, en kit ? Avec ou sans main d’œuvre ?
- Tuyauterie et vannes : type de PVC, diamètre, nombre de vannes de réglage ou d’isolement.
Pour comparer, demandez toujours :
- Le débit de filtration, adapté au volume du bassin (une eau renouvelée en 4 heures est une bonne base).
- La classe énergétique de la pompe et la possibilité de réduire la vitesse.
- Un schéma hydraulique simple (même griffonné) qui montre comment l’eau circule.
Traitement de l’eau et options de confort
Voici un poste où les devis peuvent exploser… ou sembler très sages, selon ce qui est inclus.
Les systèmes de traitement les plus courants :
- Traitement manuel au chlore/brome : matériel peu coûteux, plus de gestion au quotidien.
- Électrolyseur au sel : investissement plus important, confort d’utilisation, eau plus douce.
- Régulation pH automatique : maintien du pH idéal sans surveillance quotidienne.
- Autres systèmes : UV, ozone, etc., souvent en complément.
Options confort souvent proposées :
- Pompe à chaleur : à vérifier en fonction de la région, du volume et de l’utilisation souhaitée.
- Bâche à bulles, volet roulant, abri : impact fort sur le budget, mais aussi sur la saison de baignade.
- Éclairage LED, jeux de lumières, projecteurs couleur.
- Escalier, banquette, plage immergée : confort + esthétique, mais coût structurel.
Pour comparer, attention aux offres “tout compris” : parfois la pompe à chaleur est dimensionnée un peu juste, ou l’électrolyseur est d’entrée de gamme. Demandez les marques et les modèles précis, puis prenez 10 minutes pour vérifier leurs gammes sur internet.
Marges invisibles : finitions, terrasse, margelles, aménagements
C’est le chapitre où les devis peuvent réellement diverger. Certains pisciniers chiffrent la piscine seule, d’autres une vraie mise en scène du jardin autour du bassin.
Éléments que l’on retrouve (ou pas) sur les devis :
- Margelles (pierre reconstituée, pierre naturelle, bois, céramique).
- Terrasse autour du bassin : bois, composite, dalle béton, carrelage, graviers stabilisés.
- Accès : marches extérieures, cheminement, éclairage extérieur.
- Clôture et dispositifs de sécurité : obligatoire pour les piscines enterrées (barrière, alarme, volet, abri…).
- Remise en état du jardin après travaux (nivellement, engazonnement, plantations).
Le piège classique : un devis peut sembler 5 000 € moins cher… simplement parce qu’il ne comprend ni margelles, ni terrasse, ni sécurité. Faites une liste de ce que vous voulez au final autour de la piscine, et vérifiez ce qui est inclus ou non.
Comment comparer deux devis de piscine creusée poste par poste
Une bonne méthode pour ne pas se faire embobiner par le montant total, c’est de créer un simple tableau comparatif, avec les grandes lignes suivantes :
- Type de piscine (coque, béton, kit).
- Dimensions exactes (longueur, largeur, profondeur, forme).
- Terrassement (inclus ? évacuation ? clause imprévus ?).
- Structure et revêtement (détails, épaisseur, garantie).
- Filtration (marque, modèle, dimensionnement).
- Traitement de l’eau (type, marque, automatisation ou non).
- Sécurité (conforme à la loi ? quel dispositif ?).
- Finitions (margelles, terrasse, paysagisme, remise en état).
- Délais de chantier et pénalités éventuelles.
- Garanties et service après-vente.
Ensuite, vous relevez pour chaque devis :
- Les points réellement identiques (ex : même surface, même type de revêtement).
- Les différences majeures (ex : niveau de filtration, options de confort, finitions).
- Les zones floues (formulations vagues, lignes globales sans détail).
Un poste “Local technique + filtration complète : 3 500 €” ne veut rien dire si vous ne savez pas ce qui se cache derrière. N’hésitez pas à demander au professionnel de détailler ou de préciser les modèles.
Les questions à poser absolument avant d’accepter un devis
Au-delà du papier, c’est aussi la relation avec le professionnel qui comptera quand il faudra gérer un SAV ou un ajustement.
Voici quelques questions utiles à poser lors du rendez-vous (ou par mail) :
- “Pouvez-vous me détailler les étapes du chantier et la durée prévue ?”
- “Qui réalise quoi ? Vous, des sous-traitants, ou moi en partie ?”
- “Que se passe-t-il si vous rencontrez de la roche / une nappe phréatique ?”
- “Quelles sont les garanties exactes, et que couvrent-elles concrètement ?”
- “En cas de panne sur la filtration ou le traitement, dans quel délai intervenez-vous en général ?”
- “Pouvez-vous me donner l’adresse de 2 ou 3 piscines que vous avez réalisées pour que je puisse voir le résultat ?”
Un bon pisciniste ne fuira pas ces questions. Il saura même souvent y répondre en vous racontant un ou deux chantiers compliqués qu’il a gérés. Méfiez-vous au contraire des réponses évasives ou agacées.
Optimiser votre budget sans sacrifier l’essentiel
On en arrive au point sensible : comment faire baisser la facture, sans transformer votre rêve en piscine low-cost pleine de soucis ?
Quelques leviers malins :
- Réduire légèrement la taille : passer de 8 x 4 m à 7 x 3,5 m peut faire baisser significativement le coût (moins de terrassement, de structure, de margelles, d’eau et de chauffage).
- Simplifier la forme : un rectangle est moins cher qu’une forme libre à angles multiples.
- Limiter les options “esthétiques” au profit de la technique : mieux vaut une filtration de qualité qu’une seconde rampe de LED de couleur.
- Faire certains travaux vous-même : remblaiement partiel, remise en état du jardin, terrassement léger, plantations.
- Reporter certaines finitions : mieux vaut une piscine bien construite et des margelles provisoires, que l’inverse.
À l’inverse, quelques économies qui se paient cher ensuite :
- Une filtration sous-dimensionnée (“On verra plus tard pour changer la pompe”).
- Une structure au rabais sur terrain compliqué.
- Une absence de dispositif de sécurité (“On fera ça l’an prochain”) alors que la loi l’exige.
- Une étanchéité bas de gamme sans vraie garantie.
J’ai vu plus de piscines sauvées par une simple pompe à chaleur ajoutée plus tard, que de bassins rattrapés après un mauvais choix de structure. L’ossature d’abord, le maquillage ensuite.
Comprendre les écarts de prix : quand s’inquiéter, quand en profiter
Il arrive que deux devis pour des piscines apparemment proches présentent des écarts de 20, 30, parfois 40 %. Faut-il fuir le moins cher ? Pas forcément. Mais il faut comprendre pourquoi.
Écarts de prix “logiques” :
- Une entreprise plus structurée, avec showroom, secrétariat, SAV dédié → coûts fixes plus élevés.
- Un artisan plus “léger” en charges, mais avec un planning plus chargé.
- Une différence nette de marques de matériel (entrée de gamme vs milieu/haut de gamme).
- Des finitions incluses dans l’un et non dans l’autre.
Écarts de prix inquiétants :
- Un devis anormalement bas, très vague, avec peu de détails techniques.
- Des conditions de règlement déséquilibrées (gros acompte avant le lancement, peu d’étapes de paiement).
- Une absence totale de références récentes ou vérifiables.
Au final, votre décision ne doit pas se prendre uniquement à la ligne “Total TTC”, mais sur un trio :
- Solidité technique du projet.
- Qualité de la relation avec le professionnel.
- Adéquation avec votre budget et vos priorités.
Un dernier mot pour vous aider à trancher sereinement
Choisir un devis, c’est un peu comme choisir l’emplacement exact de la piscine dans le jardin : on hésite, on fait un pas à gauche, un pas à droite, on se projette, on doute… puis un matin, la décision devient évidente.
Prenez le temps de :
- Faire au moins 2 à 3 devis comparables sur le même type de piscine.
- Les relire à tête reposée, loin de l’odeur de café du commercial et de la maquette 3D parfaite.
- Vous demander : “Est-ce que je comprends vraiment ce que je paye ?”
- Oser rappeler pour faire ajuster un poste, supprimer une option, demander un modèle supérieur sur un élément clé.
Le jour où vous entendrez pour la première fois l’eau remplir le bassin, avec ce bruit si particulier qui résonne dans le jardin, vous serez heureux d’avoir pris ces précautions. Une piscine creusée, ce n’est pas juste un trou rempli d’eau : c’est une pièce de vie en plein air, un chantier de plusieurs semaines… et un compagnon de dizaines d’étés.
Et si, en lisant vos devis, vous avez encore l’impression de lire du sanskrit, gardez cette règle en tête : structure solide, hydraulique bien pensée, sécurité conforme. Le reste, on pourra toujours l’améliorer avec le temps, au rythme des saisons et de vos envies.


